70 000 km en Afrique

Didier Boullery

Carnet de bord et mode d'emploi d'une aventure en famille - Conseils pour aventuriers

Des conseils, vous en trouverez en pagaille, alors nous ne partagerons que ceux qui nous ont paru pertinents au long des 70 000 km en Afrique, en famille, avec un camion et deux motos, pendant un an. Vous dire qu'ils sont meilleurs que d'autres serait exagéré ; au moins nous ont-ils servi.
Le monde change et les conseils perdent de leur actualité. Ah Patron, c'est pas la chance !

Bonne lecture.

Élaboration du trajet

Le guide que nous avons employé s'appelle Transafrique. Nous y avons fait insérer quelques passages.
Cet ouvrage est remarquable de précision et donne un grand nombre de « tuyaux ».
Ne lisez pas que les conseils d'une seule revue, croisez-les avec d'autres pour faire le tri.
Les salons « Aventure » sont un bon endroit « où l'on cause ».
N'écoutez pas les oiseaux de mauvais augure qui débitent toutes sortes de sornettes sur des endroits où ils n'ont jamais usé leurs semelles.
Par contre, écoutez attentivement les conseils des autres voyageurs. laissez-en une partie au vestiaire et ne vous alarmez pas outre mesure avec toutes leurs histoires rocambolesques… Si vous écoutez les aventuriers vous narrant des péripéties incroyables dans des pays où il ne faut pas mettre les pieds, demandez-leur s'ils sont prêts à y retourner ; la réponse est toujours « oui ».
Étudiez les saisons des pluies (à reconstituer d'après les indications qui figurent dans les cartouches des cartes Michelin) avant le départ pour déterminer le meilleur itinéraire : peu de pluies, pas de nuits glaciales, peu de très fortes chaleurs. Pour aller au cap, le mieux est de descendre quand la saison des pluies monte du sud vers le nord. Le croisement est ainsi plus court.
Le plus économique pour gagner le continent noir est de descendre l'Espagne et de s'embarquer pour le Maroc. les billets peuvent être achetés sur place.
Prenez les cartes routières importantes en double. Vous risquez de les abîmer ou de les perdre. Imaginez-vous démunis de cartes… Scotchez les plis de vos cartes routières.
Pour repérer les différents endroits qui méritent un détour, procurez-vous les dépliants publicitaires des agences de voyages.
Au sud de l'Équateur, le soleil se trouve au nord à midi !
Comptez une moyenne d'environ 200 kilomètres par jour.
Tous les conseils que vous lisez avant de partir servent à vous rassurer. Vous en retiendrez 50 %, en appliquerez 20 % et les oublierez sur le terrain, où vous en trouverez d'autres…


Conseils mécaniques

Tiens, pourquoi arrivent-ils aussi rapidement ?

Choix du véhicule

Choisissez des véhicules connus et utilisés en Afrique, par exemple : Mercedes (camions), Toyota (4x4 traditionnels) ou Land Rover (en perte de vitesse), ou confectionnez vous-même votre camping-car. Procurez-vous un camion-benne 4x4 sur lequel vous pouvez poser et fixer une caravane à laquelle vous aurez retiré les roues. Nous avons croisé des Allemands qui voyageaient dans ce type de véhicule, dans de bonnes conditions.
Examinez (et emportez) la liste des représentants de la marque, car il est vital d'en trouver régulièrement sur son chemin. Mieux vaut acheter des pièces détachées à un prix élevé que d'être obligé d'abandonner son véhicule pour absence de pièces de la marque choisie (à un meilleur prix) sur le marché.
Choisissez le moteur en fonction de vos connaissances mécaniques pour le bricoler, et non pour ses performances.
Ayez une batterie neuve et un circuit électrique en bon état. C'est trop énervant à réparer sous la chaleur.
Renforcez vos suspensions. Il y aura toujours une bosse que vous ne verrez pas. Alors, à vous le grand saut et peut-être l'atterrissage « Gordini ».
N'installez rien devant le radiateur, qui a besoin de toute sa superficie pour refroidir.
Pour les pièces détachées à emporter, si vous ne connaissez pas votre véhicule, voyez les représentants de la marque et discutez avec eux. Essayez aussi d'obtenir les adresses des aventuriers qui seraient déjà partis avec le même type de véhicule. Si vous avez l'intention de revendre votre véhicule en Afrique, sachez que c'est le début des problèmes : carnet de passage en douane, conditions de paiement, carte grise…

Carburant

On trouve de l'essence et du gas-oil partout, sauf pénurie.
Faites des tests de consommation avant le départ pour calculer votre budget et votre autonomie.
Vous trouverez peut-être des fûts de 200 litres un peu partout.
Le carburant est très bon marché au Nigeria et en Algérie.
Humez les bidons qui, selon les dires du vendeur, sont du « super », 1/3 d'essence, 1/3 de gas-oil, 1/3 d'eau et un zeste de grenadine. Secouer et vendre aux « touristes ».
Ayez toujours 10 litres de gas-oil pour alimenter un éventuel bac « en panne ».

Éclairage

Les gadgets qui se branchent sur l'allume-cigare sont de gros consommateurs d'électivité. La batterie doit seulement servir au démarrage, et aux phares.
Deux phares de toit permettent d'éclairer au-delà des bosses, juste dans la zone d'ombre de vos projecteurs normaux. En Afrique, personne ne se soucie de leur couleur ni de leur puissance. De plus, on évite de rouler la nuit.
Un feu arrière orientable permet les marches arrière scabreuses et le bricolage nocturne.

Roues

Une roue de secours, c'est bien ; deux, c'est mieux. Ce luxe, apparemment superflu, vous permettra de mieux vivre (et réparer) les multiples crevaisons que causent les épineux.
Une pompe ou un compresseur sont obligatoires pour regonfler les pneus.
Les chambres à air de rechange (les usagées aussi) sont utiles pour caler les pièces et les caisses.
Comptez une chambre à air pour 20 000 kilomètres en moyenne.

Trucs et outils

Si une boussole est importante, le compteur l'est tout autant, dans la mesure où il est votre seul repère kilométrique. En effet, vous ne trouverez pas de panneaux kilométriques en Afrique.
Extincteur, c'est à votre gré…
Une pelle sert toujours à beaucoup de choses.
Un bon gros tube bien long en acier sert à la fois de manche (pour dévisser les boulons de roue souvent grippés), de levier, de piquet et sûrement à bien d'autres choses…
Un treuil (à défaut, un tire-fort) est rarement utile. L'inconvénient est qu'il est absolument nécessaire dans certains cas. Le mauvais état des routes, la boue, les ornières sont à l'origine de divers incidents : retournement, embourbement du véhicule…
Un stock de cadenas (avec plusieurs doubles des clés marquées pour les reconnaître) est très utile.
Confectionnez-vous une bonne boîte à outils. prenez les clés essentielles en double et un stock de boulons variés. Les clés à cliquet cassent souvent, car on a tendance à trop forcer.
Achetez votre machette en Afrique. Le manche est en bois et elle sera très solide et souvent utile (pour débroussailler ou comme arme dissuasive).
Achetez votre « couteau suisse » avant de partir, et gardez-le précieusement au fond d'une poche.
Dernier conseil : ne surchargez pas votre véhicule, pour deux raisons : il ne supportera pas la charge et cassera ; il vous faudra alors le réparer et vous débarrasser de l'excédent de bagages.

Formalités administratives

Il y en a partout…

Les papiers officiels

Le passeport : Vérifiez que la durée de sa validité sera supérieure de plus de six mois à la date estimée de votre retour. En effet, un passeport presque périmé paraît suspect dans les pays traversés.
Les visas (voir la section sur le passage des frontières).
Le carnet de passage en douane : il sert de passeport à votre véhicule. C'est une garantie pour les pays visités que vous ne revendrez pas votre véhicule en cours de route. On limite ainsi les importations frauduleuses. Vous l'obtiendrez auprès de l'Automobile Club de France au 6 place de la Concorde, 75008 Paris, tél. : 01 42 65 34 70, contre une caution en fonction de l'état de votre véhicule (1 000 euros pour nos motos et l'Unimog). Il est absolument nécessaire même s'il vous est parfois seulement réclamé dans les pays africains anglophones.
Le permis international : il est délivré dans toute bonne préfecture.

L'assurance et l'assistance

Munissez-vous d'une carte verte internationale d'assurance qui n'est valable qu'au Maroc et en Tunisie. Hormis l'Algérie et le Zimbabwe, le Mali et le Niger, les autres ne demandent rien, en principe. Il est de votre responsabilité de décider de prendre une assurance dans chaque pays traversé (ce que nous n'avons pas fait). De toute façon, une assurance ne sert pas à grand-chose. En cas d'accident vous devrez payer les dégâts (vous êtes blanc, donc riche). Il faut en général gagner la capitale pour se faire assurer ; et la moitié du chemin est déjà parcourue !
Si vous désirez voyager sans assurance, voici une astuce : demandez à votre assureur de vous envoyer deux ou trois courriers (français, anglais et éventuellement espagnol) certifiant que vous disposez d'une carte internationale d'assurance automobile (c'est le nom officiel de la carte verte). La seule précaution à prendre est de lui demander d'omettre de citer tous les pays dans lesquels s'applique cette assurance. Cette astuce permet parfois d'obtenir un visa pour le Nigeria. Attention : l'Afrique du Sud, pays bien organisé, ne se contentera pas d'une « fausse assurance » en cas d'accident.
Contractez une assistance de votre choix valable dans le monde entier. les banques et les compagnies d'assurance en proposent pour des prix raisonnables.

En votre absence de France

Pensez éventuellement à résilier eau, gaz, électricité, téléphone, assurances, loyers, redevances diverses, abonnements… si vous partez longtemps.
Chargez une personne de confiance de s'occuper de vos impôts et autres tracasseries administratives que vous aurez le plaisir d'oublier pendant votre aventure.
Mandatez-la pour agir sur vos comptes en banque.
indiquez-lui votre itinéraire approximatif pour qu'il vous fasse parvenir quelques nouvelles. Les ambassades et les consulats peuvent servir de poste restante. C'est aussi là qu'il est possible de trouver toutes sortes de renseignements sur le pays.

Les éléments nécessaires pour le voyage

Les trois cartes routières Michelin qui couvrent l'Afrique sont excellentes et suffisantes (Michelin 953, 954 et 955). Plus tous les outils modernes, bien sûr !
faites une photocopie certifiée conforme de tous les principaux papiers officiels (passeport, première page du carnet de passage en douane, assurance, carte grise…).
Prenez à tout hasard les factures de votre matériel photo. C'est inutile et jamais demandé. Mais allez donc savoir si un douanier zélé ne risque pas d'avoir la mauvaise idée de les contrôler.
Dernier conseil : munissez-vous d'un stock de photos d'identité pour les apposer sur les divers formulaires que vous serez obligés de remplir.



Santé

Vaccinations et maladies

Un carnet de vaccinations international est nécessaire, bien que très rarement demandé. Il peut être obtenu facilement à l'Institut Pasteur au 213 rue de Vaugirard, 75015 Paris, ou à Air France.
Vaccinations obligatoires : fièvre jaune, tétanos, polio, typhoïde, diphtérie, TABDT.
Vaccinations conseillées : choléra, hépatite B, méningite.
Commencez vos vaccins au moins quatre mois avant le départ.
N'hésitez pas à trafiquer votre carnet de vaccinations pour passer une frontière. Exemple : la Tanzanie exigeait un vaccin contre la peste qui n'existe pas.
Paludisme : évitez de vous faire piquer (facile à dire, n'est-ce pas !) De toute façon, prenez dès le départ des antipaludéens appropriés. Poursuivez après le retour en vous conformant à la posologie.
Au sud d'une ligne Cameroun, Centrafrique, Zaïre, Ouganda, Kenya, le paludisme devient peu à peu plus résistant. Adaptez vos médicaments.
En cas de fièvre supérieure à 38 ° avec une ou plusieurs des manifestations suivantes : frissons, claquement de dents, maux de tête, douleurs musculaires, suées, vomissements, nausées, diarrhée… il y a fort à parier que ce soit une crise de malaria (synonyme du palu). Ce diagnostic sera renforcé si vos camarades n'ont rien. Et hop, on force la dose de médicaments (lire la notice).
En cas de fièvre supérieure à 38 ° avec une ou plusieurs des manifestations suivantes : frissons, claquement de dents, maux de tête, douleurs musculaires, suées, vomissements, nausées, diarrhée… il y a fort à parier que ce soit une crise de malaria (synonyme du palu). Ce diagnostic sera renforcé si vos camarades n'ont rien. Et hop, on force la dose de médicaments (lire la notice).
Cas critique : vous vomissez. Les médicaments sont donc inefficaces. Faites-vous injecter (intramusculaire) les médicaments recommandés par « l'injecteur » jusqu'à ce que le problème disparaisse.

Pharmacie

N'oubliez pas les médicaments de base (et ceux de confort) dans la pharmacie : aspirine, antiallergique, antispasmodique, pansements et antiseptique, élastoplaste, antalgique, antihémorragique, antiamibien, antiparasitaire intestinal, antibiotique à vocation générale, collyre, antidiarrhéique puissant, stéristrip (au lieu du nécessaire à suturer) et somnifères (les boules Quiès sont une bonne alternative si les Africains font la bamboula…)
Voyez un médecin spécialiste des maladies tropicales pour les prescriptions.
Des comprimés de vitamine C 500 sont utiles en cas de grosse fatigue.
Les pastilles de sel peuvent vous éviter de vous déshydrater dans le désert.
Un tube de crème solaire est utile pour les premiers jours.
Il en est de même pour les lunettes de soleil. Si vous en avez, prenez des lunettes de haute montagne.
Testez divers produits antimoustiques avant de faire votre choix. Nous n'avons pas trouvé le produit miracle. Mixez différentes méthodes.

Hygiène élémentaire

Marcher pieds nus est une bonne solution pour risquer les morsures de serpents ou les piqûres de scorpions.
Évitez de vous baigner ou de vous tremper les pieds dans toutes les eaux peu courantes. Ne sont donc accessibles à la baignade que la mer, le Niger, le Nil, le Zaïre et d'autres grands fleuves à fort débit dans lesquels le risque de bilharziose est très réduit.
Avec un peu d'habitude, 2 litres d'eau suffisent à faire une bonne toilette.
Des WC dans un camping-car sont un luxe occupant la place qui peut être utilisée à autre chose.

Alimentation

Évitez les crudités, les glaces, les laitages, les viandes saignantes.
Ne consommez jamais de glaçons dans les lieux publics ; l'origine pourrait être douteuse…
Hormis votre eau purifiée, ne consommez que des boissons embouteillées et capsulées (attention, il est très facile de déboucher et de reboucher une bouteille avec sa capsule…)
La bière (souvent excellente) est en général fraîche. S'y accoutumer avant de partir permet de toujours avoir une boisson à commander et de pouvoir être servi !
Dernier conseil : ne faites pas de zèle sur les problèmes de santé. Prenez une assistance rapatriement, et astreignez-vous à une bonne hygiène élémentaire.

Change et devises

Prévoyez des coupures de 20/50 euros plutôt que des billets de 10, trop petits. Ceux de 100 sont inconnus et ceux de 200 trop gros !
Le change de 1 000 dinars est obligatoire pour entrer en Algérie, sauf pour les étudiants.
Préférez troquer vos devises auprès, et dans l'ordre, de vos compatriotes, des Blancs, des Pakistanais et Libanais, des commerçants et enfin dans la rue. Faites jouer la concurrence.
Mode d'emploi pour changer au noir : une fois d'accord sur le taux et le montant à changer (en devises et en monnaie locale), préparez la somme exacte en devises dans une poche qui était vide, recomptez la somme que vous remet le changeur (ne donnez jamais votre argent en premier), méfiez-vous des liasses incomplètes, des billets pliés en deux, des billets démonétisés (plus durs à déceler quand on ne connaît pas la monnaie du pays), des unités (par exemple, ne pas confondre les euros et les centimes). Si la somme est correcte, donnez vos devises et empochez la monnaie locale, surveillez le changeur quand il recompte la somme que vous lui avez remise. Un signe de tête ou un clin d'œil matérialisent la fin de la transaction. En aucun cas ne laissez le changeur reprendre les billets (pour vérification par exemple) après que vous les avez comptés ; il risque d'en subtiliser quelques-uns par un tour de passe-passe. Quant à la police, dites-vous que les trafiquants ont plus à perdre que vous et qu'ils connaissent toutes les ficelles et les personnes des alentours.
La connaissance des taux se fait aussi par le bouche-à-oreille avec les autres aventuriers.
Prendre un stock de stylos pour modifier les feuilles de déclaration de devises et les visas (exemple : passer de ne à plusieurs entrées) avec la même couleur.
Méfiez-vous des monnaies non inconvertibles (presque toutes). Liquidez-les avant de sortir. S'il vous en reste, ne les déclarez pas et changez-les avec des voyageurs qui vont dans le pays que vous quittez.
Les francs CFA de l'Ouest ne sont pas les mêmes que ceux de l'Est.
Les chèques de voyage (les travellers chèques), les chèques et une carte internationale de crédit sont utiles dans les pays où le change officiel est correct.
Apposez sur les travellers une signature identique à celle qui figure sur votre passeport.
Normalement, aucun intermédiaire ne doit prendre de commissions lors de l'encaissement d'un chèque de voyage…
Tenez des comptes si vous avez l'intention de donner des conseils à votre retour.
Dernier conseil : il n'y a de banques que dans les cinq plus grandes villes du pays, et encore ! Il y a aussi la m-banque.

En voyage

Passage des frontières

Les visas sont beaucoup plus faciles à obtenir dans les pays limitrophes qu'en France. Et en plus, ils sont moins coûteux.
Le délai moyen d'obtention d'un visa est de trois jours.
Pour franchir cinquante et une frontières (et quatre fois plus de postes de police et de douane), le plus dur est de garder sa patiente et rarement de « cadoter » (donner des cadeaux).
Sachez qu'un fonctionnaire fait payer ses heures de dérangement en dehors de sa période normale de travail (sieste, repas, mauvaise humeur… il est difficile d'établir les critères de « dérangement »).
En cas de problèmes aux douanes, aux frontières ou ailleurs, les médicaments (denrée fort prisée) sont utiles pour négocier.
Les fonctionnaires aiment bien orner votre passeport de leur belle signature avec leur joli tampon.
Les consulats refont rapidement de nouveaux passeports. Ils coûtent moins chers qu'en France.
Des fonctionnaires zaïrois réclament des « lettres de touriste ». Je ne sais pas ce que c'est et eux… non plus !
Si vous désirez emporter des armes, je vous souhaite bien du plaisir. Notre machette et le lance-pierres ont failli être confisqués. De plus, un simple poste émetteur risque de vous faire passer pour des espions. Si l'aventure vous tente…
N'étalez pas trop vos cartes routières, vous pourriez aussi être considéré comme espion.
Au cas où votre véhicule serait muni d'une antenne, plus celle-ci sera longue et plus le risque d'éveiller la suspicion des « uniformés » est grand. Vous avez deviné mon conseil en ce qui concerne un éventuel talkie-walkie ou équivalent !
L'autoradio pourrait ne pas résister aux vibrations de la piste. De plus, les émissions captées sont rares, de mauvaise qualité, mais « originales ».
Cachez les revues, même non érotiques. Une publicité de maillot de bain peut attirer des pépins.
Remplissez avec sérieux tous les documents administratifs qui vous sont présentés. Ça va plus vite que de discuter pour ne pas le faire.

En piste

Le dicton « qui veut voyage loin ménage sa monture » se vérifie à chaque instant. Laissez le Paris Dakar à ceux qui s'y engagent et continuez prudemment.
la sophistication et l'Afrique ne font pas bon ménage. Le pouvoir destructeur des pistes aura raison des structures les plus solides.
À chaque nouveau bruit (frottement, cliquetis…) qui apparaît dans votre véhicule, essayez de l'identifier.
Repérez les décharges, ce sont des cavernes d'Ali Baba.
Les bas-côtés des routes du Nigeria permettent de se refaire un stock de pièces détachées à moindres frais.
Évitez les pistes interdites sauf si vous êtes casse-cou et prêt à vous « farcir » des démêlés militaro-bureaucratico-policiers.
Vérifiez plusieurs fois les indications que vous donnent les passants. C'est utile pour éviter de se fourvoyer. Leurs notions des distances kilométriques ne dépendent que du moyen de transport local. Une distance s'exprime en heur ou en journée de marche, de vélo ou de camion.
Ce n'est pas parce qu'une piste est indiquée sur une carte qu'elle existe. Dans les coins perdus (forêt équatoriale), discutez avec les camionneurs et les commerçants.
Toutefois, faites attention aux conseils des autochtones : essayez de savoir quelles autres pistes ils connaissent avant de prendre leur avis pour de l'argent comptant. il est aussi aisé de prendre des nids-de-poule pour des lanternes que des vessies pour des fondrières quand on manque d'expérience. Ainsi, une personne qui a parcouru le Zaïre et qui affirme qu'une piste est pourrie sait de quoi elle parle, tandis qu'un habitué du goudron qui roule de temps en temps sur de la piste « tôlée » ne dispose pas de bons critères de comparaison.
Ne ratez pas les contrôles policiers dans les grandes villes de l'Afrique de l'Ouest (surtout au Niger). Si vous en sautez un, plus ou moins volontairement, la ville suivante risque de vous faire retourner à celui que vous avez « oublié ».
Il y a des autoroutes en Afrique du Sud, de belles routes au Nigeria et au Kenya, des pistes ailleurs, et des zones de trial au Zaïre.
On roule à gauche dans les pays anglophones hors Afrique de l'Ouest.
La meilleure façon de franchir un bourbier est de passer en plein milieu… ou très à l'écart.
La meilleure façon de franchir un carrefour est identique à celle du bourbier. La priorité appartient au premier qui passe !
En cas d'accident sur la piste, la première démarche est la fuite. L'hésitation à propos de ce comportement obligatoire peut vous valoir un lynchage. Il est toujours possible de revenir sur les lieux de l'accident avec la police ou l'armée. Dans les capitales, pensez à prévenir les autorités françaises avant de signaler votre accident aux autorités locales. De toute façon, n'acceptez de payer qu'après marchandage des dégâts et des vies humaines (tout a une valeur), évidemment.
Lorsqu'un câble est tendu entre deux véhicules, ne cédez pas à la curiosité et éloignez-vous suffisamment pour ne pas prendre sur la tête un retour de câble sectionné, incident probable étant donné l'état des câbles.
Dernier conseil : faites comme les Africains, ne soyez jamais pressés.

Conditions de vie

Logement

Il y a quelques beaux hôtels.
Il est possible de s'installer n'importe où en brousse, sans aucun problème (sauf dans les parcs ; les fauves et les hippos rôdent). Attention, les espaces libres sont rares en Afrique équatoriale. Les villes sont un calvaire.
Pensez à recouvrir les vitres intérieures d'un film solaire qui a plus d'une utilité : protection du soleil et de la chaleur, rigidification de la vitre, retenue des morceaux brisés. Surtout, il empêche la foule des curieux de voir ce qui se passe dedans. À vous la tranquillité… relative !
Le camping est en général des plus simples : un matelas mousse très fin et isolant, un duvet, ajoutez une moustiquaire (à mailles fines) si besoin, prévoyez une bâche s'il y a des risques de pluie, une tente s'il fait froid.
Un hamac (bien choisi et testé) offre confort et sécurité.
Prenez des duvets en fonction des températures nocturnes prévues desquelles vous ôtez 5 degrés.
Dernier conseil : en Afrique centrale, les missions sont accueillantes et les touristes peu nombreux. Profitez-en.

Vêtements

L'élégance est rarement de mise.
préférez les vêtements en coton, clairs et amples.
Des vêtements « déboutonnables » permettent de mieux régler les variations de température.
Des tennis ou des espadrilles sont les meilleures chaussures pour tous les jours. Prévoyez plus costaud pour les escapades pédestres.
Un chèche est un investissement très vite rentabilisé.
Des poches cousues à l'intérieur des vêtements sont autant de caches pour les papiers et l'argent. Les vêtements de type militaire sont à bannir.
Prévoyez des vêtements chauds pour le Kilimandjaro où les nuits sahariennes hivernales.
Dernier conseil : il est possible de se faire confectionner à bon prix des vêtements sur tous les marchés (délai d'environ deux jours).

Nourriture

En général, tout se marchande, hormis la nourriture dans certains pays, et dans quelques grands magasins. Mis à part au milieu du désert, en encore, il existe toujours des denrées à acheter. On peut toujours refaire son stock de boîtes de conserve dans la plupart des capitales. la Tanzanie fait exception (par contre, il y a un excellent café : Africafé).
Une cocotte-minute permet de substantielles économies de gaz.
Il est possible de faire remplir ses bouteilles de gaz dans les capitales. Se présenter directement à l'usine s'il n'y a pas de détaillant. Il y a différents standards…
Quelques gouttes d'eau de Javel versées dans les réservoirs d'eau sont aussi efficaces pour désinfecter l'eau que tous les gadgets (chers, et d'un goût aussi peu agréable) préconisés.
Lavez les aliments avec cette eau. l'utilisation du permanganate de potassium comme désinfectant est une corvée vite abandonnée.
Évitez les fruits non pelables.
N'oubliez pas un tuyau pour remplir votre réservoir !
Quelques sachets d'aliments déshydratés ou lyophilisés sont utiles en cas de coup dur.
Un thé chaud est très désaltérant. Eh oui !
Dernier conseil : comptez plus sur la pêche que sur la chasse pour un approvisionnement naturel. Ne soyez pas trop optimistes…

Survie

La couverture de survie peut vous sauver la vie… comme son nom l'indique.
En cas de panne, il fait moins chaud sur le toit du véhicule, à condition d'être à l'abri d'une toile (c'est ici qu'intervient la susnommée couverture de survie). Pour vous le prouver, remarquez que les Touaregs sont perchés sur leurs chameaux et qu'ils ne semblent pas souffrir de la chaleur comme les piétons.
Si vous êtes perdus dans le désert, réfléchissez, revenez sur vos pas jusqu'à la dernière balise.
Des fusées éclairantes et une balise de détresse sont des investissements dont vous devez évaluer l'opportunité.
L'eau et le carburant sont les deux mamelles de la survie. Comptez cinq à dix litres d'eau par jour et par personne. Buvez, même si vous n'avez pas soif.
Dernier conseil : ayez toujours une longue corde dont les meilleurs usages sont le puisage de l'eau dans les puits et la réparation des lames de suspension.

Relations humaines

Le français et l'anglais sont très répandus. Dans les coins reculés, il y aura au moins une personne avec qui discuter. Si personne ne vous comprend, vous êtes au cœur de l'aventure.
La corruption n'est pas un vain mot. Vous aurez le choix entre payer, discuter très, très longtemps ou ne pas obtenir satisfaction. Se mettre cette dialectique bien en tête. Quant à lutter contre, autant braver des moulins à vent…
Si le silence est d'or, la discussion, en Afrique, rapporte plus. Toutefois, l'énervement est souvent source de complications !
Après une infraction, réelle ou imaginaire, les policiers sont souvent prêts à marchander pour éviter d' « amender » officiellement ce qui représente un travail qui ne leur rapporte rien ! Attendez que votre interlocuteur vous fasse un appel du pied (« Fait chaud, j'boirais bien une bière ! ») pour le « soudoyer ».
Et dans toute discussion, laissez toujours une porte de sortie honorable à votre interlocuteur.
renseignez-vous sur les prix avant toute transaction : réparations, petits restaurants, bacs…
Il est aussi fréquent de se faire voler en ville qu'il est rare de subir ce désagrément en brousse.
Laissez vos bijoux en France : ils seront plus en sécurité.
Ne soyez pas un « touriste » qui donne n'importe quoi à n'importe qui n'importe quand. Appréciez votre générosité en fonction du service rendu. Si vous donnez à un gosse, tous les « pseudo-comendiants » vous harcèleront jusqu'à ce que vous distribuiez le même don (dû ?) à chacun. Méfiez-vous des bagarres en cas de partage inégal. Dans une foule de gosses qui proposent leurs services, choisissez bien votre guide pour une excursion ou votre « gardien de véhicule », et désignez-le très clairement à tout le monde comme étant l'unique responsable.
Ne mangez qu'avec la main droite en présence de musulmans.
Lors d'un marchandage (c'est utile, n'en faites pas un sport à chaque fois), une fois parvenus à un accord sur la chose et le prix, il est impossible de renier sa parole. Ne marchandez donc pas si vous n'avez pas l'intention d'acheter.
Avec les Africains, prenez le temps de prendre le temps !
Dernier conseil : tenez un carnet de bord quotidien. Il recueillera vos souvenirs, car le temps les efface.

Souvenirs

Il faut bien s'en fabriquer quelques-uns

Appareil Photo

L'équipement de base : un boîtier, un zoom 35-70 ou 28-85 et un 80-200 (mm pour appareil argentique).
Une autre solution est un 24 et un 50-250. Un 400, 500 ou 600 à miroirs vous permettra de cadrer serré les oreilles d'un éléphant. Super comme photo, non ? Le moteur est une option valable.
Un appareil autofocus est génial pour les marchés et pour les photos à la sauvette. Il est toutefois plus risqué de prendre un appareil sophistiqué vu le traitement que vous allez lui infliger !
Un doubleur de focale, un flash et un pied peuvent être utiles. À vous de voir…
Un petit appareil (compact) permet de faire des photos très discrètes. C'est aussi une solution de secours si l'appareil principal tombe en panne (n'espérez aucune réparation). Gardez-le souvent sur vous en cas de scoop ; il y en aura obligatoirement un pendant votre voyage.
Un appareil, style baroudeur (étanche à la boue, au sable et à l'eau, résistant à toute épreuve) est aussi une bonne alternative.
Utilisez l'objectif qui convient à la situation dans laquelle vous opérez : télé pour les animaux et grand-angle sur les marchés.

Les filtres

Protégez la lentille frontale de vos objectifs avec un filtre léger (skylight ou anti-UV) de bonne qualité. Le sable ne rayera que cet accessoire.
Pensez à prendre quelques filtres créatifs pour varier les plaisirs et émerveiller davantage vos futurs spectateurs.
Un filtre polarisant atténue les forts contrastes d'éclairage qu'il est courant de trouver en Afrique.
Il supprime aussi les reflets indésirables. De plus, il fait claquer les bleus, blanchit les nuages et rend la mer transparente. C'est le secret des couleurs qui « crachent ».
N'hésitez pas à confier vos cartes mémoire à des Européens qui rentrent au pays. Indiquez soigneusement l'adresse de destination.
N'oubliez pas les piles. estimez la consommation de votre appareil en fonction du nombre de photos que vous comptez prendre. Viser un peu large.

La vidéo

Sachez que l'emploi d'un caméscope est souvent une contrainte. Assurez-vous que vous êtes motivé avant d'embarquer tout votre fourbi. Maîtrisez aussi l'utilisation de votre caméscope avant de partir.
Votre appareil photo ou votre smartphone fait aussi des vidéos…

Les conseils pratiques

Prenez un sac fourre-tout solide ou un sac à dos. prévoyez de larges sangles très confortables pour vos épaules.
Pensez aussi à ne pas trop le charger, car vous devrez le « supporter ».
Il faut obtenir un permis de photographier quand vous êtes au Niger.
Ne faites pas de photos des zones et bâtiments officiels ou militaires. L'« espionnite » aiguë qui caractérise les Africains (au sens très large) risque de vous entraîner dans une tragédie de plus en plus dramatique selon le degré de bêtise du militaire et de votre énervement. Dans l'ordre des désagréments, vous aurez : une discussion, une bonne suée, un appareil photo confisqué (éventuellement récupérable grâce au consulat), un tour au poste, une courte visite en prison, un séjour à durée indéterminée dans les geôles locales, un procès, la peine de… Prudence, prudence.
Le plus beau pays pour les animaux est la Tanzanie. Pour les paysages, ce sont l'Algérie/Niger (le Sahara) ; le Cameroun, la Tanzanie, le Zaïre et l'Afrique du Sud. Pour le folklore, c'est l'Afrique centrale.
Les parcs nationaux sont les meilleurs endroits pour voir les animaux. On en rencontre peu en dehors, hormis les serpents et les moustiques.
Évitez, si possible, le style « voyeur-mitrailleur » qui attire les ennuis. Établissez le contact en vous promenant, tout simplement.
Traitez quelques sujets à fond comme le ferait un grand reporter professionnel. Ils pourront peut-être se monnayer dans une revue (entre 100 et 300 euros la page imprimée).
Dernier conseil : votre sourire avant une photo, c'est un sourire sur votre photo.


Envie de voir quelques photos du voyage ?
Besoin d'informations sur le livre 70 000 km en Afrique ?


Vous avez aimé ces conseils ? Alors, partagez-les avec vos amis en cliquant sur un des boutons ci-dessous :

Merci