70 000 km en Afrique

Didier Boullery

Carnet de bord et mode d'emploi d'une aventure en famille

Lorsque Didier Boullery et son frère décident de prendre une année sabbatique pour faire le tour de l'Afrique en moto, ils n'imaginent pas que leurs parents laisseront eux aussi tomber la routine quotidienne pour les accompagner, à bord d'un camion tout-terrain.
C'est donc en famille que les Boullery partent à l'aventure sur le continent africain, du Maroc à l'Afrique du Sud, du désert aux grands lacs, par tous les climats et à travers les plus beaux paysages du monde. Leur raid sera ponctué de moments d'angoisse et d'émotion, mais aussi de situations cocasses et de rencontres inoubliables dont Didier Boullery nous propose le récit, à la fois par ses carnets de route et par quelques unes des innombrables photos prises durant cette année d'aventure.

Ce livre est aussi un véritable mode d'emploi destiné à tous ceux qui ont, un jour, rêvé d'une telle évasion.

Bilan de notre aventure

Kilomètres
70 000
Barrages et contrôles
135
Frontières franchies
51
Pays traversés
30
Passeports utilisés
13
Arrestations
4
Séjour en prison
1 (de trop)
Altitude maximale
5 963 m
Photos (argentiques)
4 000
dont photos ratées
1 000
Films (36 mm)
32
Cartes postales
178
Parcs nationaux
14
Crevaisons
environ 300
Accidents
11
Ennuis de santé
10
Vols
9
Embrayages cassés
7
Jantes fendues ou brisées
4
Invitations reçues
58
Sponsors
20
Kilos de souvenirs
18
Amis retrouvés
7
Budget (franc 1982-1983
400 000 FRF
Budget (€)
61 000 €
Conclusion
RETENEZ QUE L'AVENTURE EST COMPOSÉE D'UN TIERS DE RÊVES, D'UN TIERS DE PRÉPARATION, D'UN TIERS D'IMPRÉVUS ET D'UN TIERS DE SOUVENIRS. FAITES LE COMPTE, VOUS SEREZ COMBLÉS. ET MAINTENANT, QU'ATTENDEZ-VOUS POUR BOUCLER VOTRE COFFRE ?

Sponsors

Nous tenons à remercier : Challenge 94, Paneurafric, Lubrifilm, Auto Moto distribution, Cyrille Bihr, Valvac, SEV Marchal, Ricordel, Gitzo, Maison du 2 roues, Pampryl, Thuasne textile, Royada, Champion, Arphoto (M. et Mme Lecois), Wonder, Sodepac, Manöel Bouchet, IGN, Katadyn, UTA


Remerciements

M. et Mme Patout (gestion de notre paperasse administrative en France), M. et Mme Dorsemaine (pour leur assistance et leur garage), M. et Mme Desjardins (support photo), et pour la réalisation de ce livre : Mme Catherine Boullery (mon épouse, pour ses encouragements), M. Bernard Leroy (mon beau-père, pour sa relecture attentive), Mlle Sylvie Ligon, M. François-Xavier Poussière, M. Bruno Després.

Et aussi à tous ces anonymes qui nous ont accueillis ou qui se sont souvent dévoués pour nous aider ou nous tirer d'un mauvais pas, sans qui nous ne serions pas revenus entiers de ce tour d'Afrique : Africains, Arabes, Expatriés, Pakistanais, villageois, fonctionnaires — plus rarement ceux-là —, citadins, paysans, camionneurs, policiers — ça arrive quelquefois —, enfants, mamas, vieillards, sorciers…, et — il en faut — la baraka !

Merci à mes parents et à mon frère.

Photos

Nous partageons notre plaisir avec ces quelques images extraites du livre.


Découvrez toutes nos aventures ; elles furent publiées dans un livre aux Editions Solar © 1990 - ISBN 2.263.01533.7 qui ne se trouve plus qu'en occasion maintenant.

 



Introduction

Centrafrique — Bangassou — le 13 juin

Cinquante-deux jours, 10 500 km, le Sahara et l’Afrique de l’Ouest appartiennent désormais au passé. Aujourd’hui, en Centrafrique et demain…, demain peut-être au Zaïre, si tout se passe bien !
Le voyage continue et la France n’est plus qu’un lointain souvenir. L’Afrique, si mystérieuse pour les profanes, ne cesse de se renouveler. Elle fait de nous des Africains vagabonds qui l’admirent et la maudissent, tout à la fois. Sommes-nous des aventuriers d’un nouveau temps ou bien des fous dévorés par leur projet insensé de faire tout le tour de ce superbe continent ?
Pourtant notre folie a pris corps et l’Afrique nous entoure de toute part, dévoilant à chaque tournant ses charmes et ses pièges. Mais qui sont donc ces quatre Blancs qui roulent ainsi leur bosse ? Mes parents, Robert et Ginette, 60 ans, en Mercedes Unimog 4x4 aménagé en camping-car, mon frère Gérard, 28 ans et moi, 23 ans, chacun à moto : deux Yamaha XT 500. Nous sommes les quatre acteurs de cette aventure africaine et familiale. Nous sommes à Bangassou. Et l’histoire suit son cours. Place à l’action et aux « Afrique-trotters » !

Le soleil décline doucement en cette fin d’après-midi, répandant une atmosphère chaude et tamisée. Une pirogue, au gré du courant, traverse le M’Bomu (Affluent de l’Oubangui). Avec un peu d’imagination, on verrait Clark Gable et Ava Gardner échanger un baiser passionné. Mais on est loin d’Hollywood et à son bord, plus simplement, le guide, une caisse de bières et moi qui passe officieusement au Zaïre pour négocier notre entrée officielle. La partie promet d’être chaude. Les policiers centrafricains nous affirment que personne n’a le droit de franchir la frontière ici. Mais je tente le coup… Alors, allons-y !
La pirogue accoste, enfin, après cinq bonnes minutes de traversée. Le premier pied que je pose sur la rive est mon premier pas dans un univers totalement différent, presque un nouveau monde. Tout autour de moi, la forêt, avec sa végétation qui n’a plus rien de commun avec ce que nous avons déjà croisé. Elle est épaisse et touffue, sombre et colorée, envahissante et exubérante. Son gigantisme nous domine et impose la modestie. Nous sommes si petits face à sa démesure. Nos minuscules plantes exotiques de France — en particulier les caoutchoucs et les avocatiers — pâliraient devant leurs sœurs africaines qui grimpent au ciel. Cette disproportion plus qu’impressionnante crée chez moi cette sensation extraordinaire ou cette émotion étrange que l’on éprouve en pénétrant dans une cathédrale inconnue, sombre et froide, où se mêlent la grandeur humaine et celle de Dieu. Dans quel monde de puissance et de démesure ai-je mis le pied ?
Plus rien n’est respecté. L’homme n’a pas encore imposé sa loi ici. Il a juste osé se frayer quelques passages parmi les troncs séculaires gigantesques, les lianes volubiles et les racines enchevêtrées. La forêt vibre de liberté, préserve jalousement sa virginité et se dépêche d’envahir les misérables trouées qu’aucuns appellent une route. Elle ne recule pas encore devant l’homme et conserve ainsi son caractère impénétrable face à tous ceux qui veulent la violer et lui ravir ses secrets. Qui de la forêt vierge ou de notre monde civilisé envahira l’autre après l’an 2000 ? Je suis songeur. Un léger sentiment de crainte m’envahit.

Un policier, comité d’accueil zaïrois, me rappelle brutalement à la réalité. Il m’entraîne dans une case ombragée par un magnifique bosquet d’arbres qui doit souvent le voir s’acagnarder avec bonace. La conversation s’engage très difficilement. Heureusement, la bière est la bienvenue pour rompre la glace. Elle nous permet aussi d’apaiser la sensation de chaleur étouffante qui règne à l’orée de la forêt équatoriale, presque une étuve suffocante. Toujours perchés dans les arbres, des oiseaux invisibles n’ont de cesse de crier et chanter, tandis que des colobes caracolent en tout sens de branche en branche. Peu à peu le policier abandonne son aspect officiel pour redevenir un homme, comme tous ceux qui savent communiquer et oublier leur travail le temps d’une rencontre. La conversation s’anime. Elle roule sur des sujets divers et se pigmente d’anecdotes qui forcent la complicité. Bières et rires ponctuent les heures qui s’écoulent. Finalement, il n’y a aucune raison pour moi de ne pas entrer dans son pays. Il m’accueille :
— Tu es mon ami à présent, me dit-il, avec une petite tape dans le dos.
Ne reste plus qu’à convaincre le chef des douanes. Hélas, celui-ci relègue obstinément au placard les arguments que j’avais pourtant bien préparés. Son refus catégorique me vaut un insuccès cuisant. Le souvenir agréable du policier amical cède progressivement la place au désenchantement. Échec sur toute la ligne ! Plus qu’une solution dérisoire : repartir.
La pirogue et le guide somnolent paisiblement sur le bord, indifférents à toutes ces tractations. Nous retraversons le M’Bomu au même rythme qu’à l’aller, avec cette éternelle nonchalance. Le soleil a tourné et l’eau coule, encore et toujours, entre le Zaïre et la Centrafrique, symbole de ce fleuve-frontière infranchissable. Arrivé sur la rive opposée, un dernier coup d’œil en arrière, puis je me détourne.
Mes parents et mon frère m’attendent. Je rapporte mon échec et une caisse vide, uniquement bonne pour la consigne. Nous sommes tous déçus…, mais loin d’être découragés. Que faire ? Parmi toutes les idées de rechange qui nous viennent à l’esprit, il en est une qui peut se réaliser sans plus tarder. À peu de kilomètres se trouve une mission où, peut-être, il y aurait quelques « tuyaux » à glaner. Allons-y.
À peine sommes-nous entrés dans la cour qu’un père accourt à notre rencontre. Il nous écoute et puis explique, entre autres choses, que la région d’en face est sous surveillance militaire pour cause… d’élections ! L’autre raison, plus valable, demeure l’interdiction du trafic de l’ivoire. Et les rares touristes qui se sont aventurés dans cette région du Haut-Zaïre ont toujours rebroussé chemin tellement la piste est impraticable.
Ensuite, il nous affirme :
— Ces quinze dernières années, je n’ai pas remis les pieds dans ce pays. Plus de cinq cents Blancs furent assassinés par ces sauvages ! Ah, si vous aviez connu cette époque, mes frères ! Voici de quoi nous refroidir sérieusement, mais nous n’avons guère le choix ; le Zaïre est un passage obligé pour Le Cap. Alors nous le gardons…

Arriver là ne fut pas une mince affaire. Mais commençons donc par le début. Tout d’abord il y eut la création du rêve, puis les préparatifs avec la chasse aux sponsors par les novices que nous étions dans la course aux avantages partagés.

Budget

Toujours utile pour ne pas ajouter des déboires pécuniaires aux aventures sur le terrain…
Achat camion Mercedes Unimog
60 000
Achat deux motos Yamaha XT 500
37 000
Préparation, réparation, pièces détachées, outils
85 000
Essence, huile, pétrole, gaz, liquide de freins
120 000
Nourriture
31 000
Hôtels, restaurants, camping, vêtements, soins
22 000
Bacs, bateaux, trains, avions, taxis
16 000
Assurance, assistances, visas, taxes, pourboires
19 000
Parcs nationaux et visites
4 000
Divers
25 000
Total des dépenses
430 000
Vente Unimog
5 000
Vente deux Yamaha XT 500
20 500
Ventes diverses
2 500
Ventes en Afrique
2 000
Total des recettes
30 000
Ventes livres et articles
30 000
Budget pour près d'un an à quatre et 70 000 km
370 000
Les montants sont en francs de 1982-1983.
Divisez par 6,56 pour obtenir des euros.
Soit 43 € par jour et par personne.

Poème rédigé par ma femme

À nous quatre

Des volets fermés, une porte claquée…
Il n'y aura pas de dernier regard.
De nos lèvres tremblantes s'échappe un peu de buée,
Il fait si froid ce matin, mais c'est décidé : on part !

 

À nous les vastes étendues,
Le sable chaud et les villages perdus.
À nous les forêts inexplorées,
Les mondes mystérieux et cachés.

 

Nous traverserons toutes les rivières,
Découvrirons toutes les cascades.
Nous éviterons toutes les ornières
Et déjouerons toutes les embuscades.

 

Ensemble, nous connaîtrons l'émerveillement,
Celui de chants mélodieux et envoûtants,
De parfums voluptueux et fragiles,
De saveurs inconnues et subtiles.

 

Nous connaîtrons la solitude,
Celle qui brise les habitudes,
Nous rapproche de nous-mêmes
Et de ceux qui nous aiment.

 

Ensemble, nous connaîtrons la peur,
Celle qui étreint le cœur,
Rend les mots inutiles
Et la vie moins futile.

 

Nous connaîtrons l'euphorie,
Celle qui, contre tout, nous unit,
Efface la fatigue et la tristesse,
Les tensions et la détresse.

 

Un jour, pourtant, le beau voyage prendra fin.
Et chez nous, nous devrons tous rentrer.
La vie reprendra son cours citadin
Si loin de celui qui nous aura guidés.

 

Mais en nous vibreront tant de souvenirs
Qui enjoliveront les plus sages de nos rêves
Et illumineront nos joies les plus brèves
Que notre vie rimera à jamais avec plaisir.

 

Ne nous traitez ni d'inconscients ni de fous
Puisque nous vivons tous à l'intérieur de vous…

 

Catherine Boullery, auteure de la saga d'Aila (fantasy).


Contact

Bien que cette aventure soit finie, vous pouvez toujours entrer en contact avec l'auteur Didier Boullery. Surtout, prenez le temps de lire les conseils ci-après :


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